Stéphane Brogniart, des crêtes à l'écume des vagues...
Difficile d'enchaîner les écrits sans penser à lui, celui qui a troqué ses baskets contre une paire de rames et de cou....!
Je me souviens encore très bien de notre première rencontre... le mec avait débarqué en short, tongues, un marcel vissé sur le torse, une paire de lunettes aussi flashis qu'un bonbon Haribo et une grande partie de sa tribu sous le bras, (la patronne, la nounette et le poupouce) sur le parking de chez ma mère.
C'était à l'occasion de l'UTMB 2014. A l'époque, Alabama, avec qui je travaillais sur "E-Motion-Trail", suivait Stéphane dans son parcours sportif via la série documentaire "47 Minutes".
La proximité de ma tendre mère avec Chamonix, avait vu l'équipe investir son humble demeure pour l'occasion.
La maison avait des allures de Camp de Base, chacun avait son coin, sa couette et son humeur, et quelques heures avant la course, nous avions tous été mis à contribution. (cuisine, logistique, ravitos, communication, etc...)
Quelle effervescence, chacun s'affairait à un objectif donné et le barbu, tel un chef sur le pupitre, menait son orchestre à la baguette, avec la fervente intention de nous embarquer dans 24h de folie...
A l'époque, Stéphane s'écartait des codes et tentait une préparation bien à lui avec un conditionnement un peu militaire, où les mots et les "maux" n'auraient plus leur place... Chaque élément allait tenter d'être maitrisé et une fois dans le sentier, plus rien n'existerait jusqu'à Chamonix. Il croyait en lui, partait confiant, déterminé et nous étions tous là près de lui, pour l'accompagner de près dans cette aventure hors norme...
23h plus tard, il accrochera une belle 10 ème place, partageant ainsi le podium avec quelques grands noms de la discipline, qui pour certains, brillent encore aujourd'hui sur les podiums.
Une édition riche qui lui offrira la raison de penser que loin de tous les chemins possibles, restent les traces de sangliers, dans lesquelles un sportif autonome, patient et réfléchi, peut réaliser de belles choses...
Au fil du temps, nos vies se sont rapprochées, nos contrats respectifs chez Brooks Running, (lui en tant qu'athlète, moi en tant que "média"), nous ont amenés à communiquer très souvent ensemble sur cette discipline montante que vous connaissez bien.
J'incarnais le coureur du peloton, lui l'athlète des avant-postes et ensemble, nous partagions autour d'une passion commune mais aussi et surtout, d'un état d'esprit...
Les belles années, comme nous aimons les appeler, c'était lui chez nous, nous chez lui, un jour en montagne, une nuit en refuge, un week-end dans les Vosges, une semaine dans les Alpes.
Et puis, les copains Guillaume Peretti, Baptiste Robin, Aurélien Colin, Olivier Garibal, Thierry Heim, Matthieu Péché, etc... les meetings Brooks à courir peu, manger beaucoup et boire tout le temps, de l'apéro aux boites de nuits, à finir aussi "bleu" que le ciel et à rire de tout, de rien... mais surtout de rien...
Nous étions soudés, le vivre ensemble, dans l'instant, sans penser au lendemain était le maitre mot de ce que nous étions. J'ai d'ailleurs souvenir d'une reco TDS en 2016, le soir venu au Refuge du Plan de la Lai non loin du Cormet de Roselend (lien vers le col à vélo si motivé) avec Guillaume, Stéphane, François (D'Haene) et le reste de la team. Nous étions réunis pour partager une tranche de vie au son des cloches de vaches, du vin rouge et du boeuf/polente. Des instants qui resteront gravés tant nous avions pu rire de nos bêtises... (clin d'oeil à Guillaume)
Bref, je ne vais pas vous raconter tout ça en détail, ça serait long, ennuyeux et sans intérêt...
Alors pourquoi parler de Stéphane ici ce soir, tout simplement parce qu'en tant qu'ami, j'ai pu tout comme vous, suivre son chemin de vie depuis quelques années... Pour ma part et comme certains autres, je l'ai suivi d'un peu plus près, plus intimement et avec tout ce qu'une vie d'Homme peut rassembler, des hauts, des bas, des doutes, de la construction, des échecs mais aussi des réussites...
Les années "Trail" étaient belles et intenses, mais pour Stéphane, sur la fin, il manquait ce petit plus qui définit pleinement le mot "Aventure" avec un grand A.
En 2017, nous venions respectivement de passer la ligne d'arrivée du Grand Raid de la Réunion (pas au mêmes horaires je vous rassure...) et déjà, l'animal rêvait d'ailleurs, de nouveau, autrement... plus grand, plus fou, inédit, incroyable, déraisonnable, unique...