Et si on prenait le temps de s'écrire...?
Je m'en souviens encore... sentir battre mon coeur derrière la chambre 001 du service d'hémato-oncologie pédiatrique de l'hôpital Armand-Trousseau à Paris. 3 chiffres sur une porte, qui ne pouvaient finalement pas trahir l'histoire que vous connaissez. Pour être honnête, à cet instant, je ne les lis pas ainsi, alors qu'au fond, ils résonnent déjà comme un point de départ... une première fois... cette première fois, dans ce premier hôpital, derrière cette première porte qui mène à la première chambre du premier enfant...

Les premières fois, on s'en souvient toujours. Surtout quand l'utopie de "croire en mieux", se construit face à un schéma fait d'injustices, à l'intensité véhémente, aux contrastes troublants et aux images violentes... Faire face, c'est ainsi que je qualifie la notion d'engagement, construire autrement pour les autres et dans l'esprit de mieux accompagner, soulager, supporter, motiver, pousser... Le tout, sans concessions, pour des sensations nouvelles ou retrouvées, menant aux émotions les plus sincères et à des rencontres extraordinaires, qui mènent encore à ce jour, aux confins d'une générosité que l'on croyait pourtant perdue.
Ce point de départ, c'est aussi l'histoire d'une main posée sur une poignée menant à une première rencontre. Elle est moite, tremblante et témoigne d'une peur nouvelle mais consciente. Ce n'est pourtant pas l'enfant derrière la porte qui la remue ainsi, ni même le combat qu'il traverse... mais plutôt, la personne que je suis à cet instant, ma légitimité à être là, ainsi, au milieu du chaos, voleur d'un temps précieux et malheureusement compté.
Mais je ne suis pas seul et ce n'est pas de moi dont il s'agit d'ailleurs... mais plutôt d'une rencontre entre celle qui m'a poussé à la réflexion, que j'admire sans cesse, que je respecte toujours plus et qui m'offre chaque jour ce droit inestimable qu'est celui de la liberté : la nature.
Elle est mon alliée, mon socle, ma muse et il n'y a qu'elle pour mener ce combat. Combat qui pourtant n'est pas le nôtre mais pour lequel nous avons fait le choix de transpirer...
De l'autre côté de la porte, une âme sensible, un corps fragile, un enfant devenu patient, malade, réduit aux souffrances d'un combat irrationnel, dans une arène sombre et livide, où règne une injustice qui emprisonne la vie, détruit l'enfance, trouble l'avenir et fausse l'espoir...
Triste constat que celui de la maladie... mais au fond de moi, je la veux cette rencontre, je suis certain de ce qu'il en ressortira, pourtant j'ai peur, peur de l'inconnu, peur du choc entre une vie, la mienne, et cette sombre et triste réalité... car depuis toujours, la peur réside en moi sous un sentiment de colère et même parfois de haine. Mais étrangement, à cet instant, cette dernière n'est plus la même, son visage change et m'amène à une volonté d'agir dans la quintessence et contre l'impensable.
C'est ainsi que je décide de franchir le pas, d'entrer là où une nouvelle histoire va probablement s'écrire... Je n'en connais rien et je ne sais pas même comment elle va s'écrire, mais je sais pourquoi elle doit s'écrire... Quelques minutes plus tard, sous ce masque si étrange, la nature entre en scène et livre une interprétation puissante, juste et singulière, reçue avec émotions et applaudie par une seule et unique phrase qui résonne encore à ce jour dans chacune de nos actions...
"j'ai l'impression d'être un aigle..."
Depuis, l'oiseau fragile, au coeur sensible et à l'âme généreuse, s'est injustement envolé... mais c'est ainsi et grâce à lui, mais aussi pour lui, que l'histoire a commencé, que les premières notes de la partition solidaire de "BAP" ont résonné et qu'elles résonnent encore à ce jour, dans les couloirs des hôpitaux.

Trois années plus tard, la nature incarne toujours avec succès ce second souffle salvateur, devenu pour certains indispensable. Notre présence s'est étendue dans pas moins de 8 hôpitaux (France et Suisse), portée avec bienveillance par plus d'une douzaine de coeurs généreux (nos intervenants) et qui à ce jour, comptabilisent aux côtés de Dame Nature, déjà plus de 500 représentations (interventions).
Ce second souffle n'aurait jamais pu vivre sans vous, sans votre confiance et sans votre engagement à nos côtés. Ces quelques premières lignes vous sont donc destinées, elles sont posées ici, dans l'unique esprit de vous remercier avec le coeur. Au travers de la newsletter qui suit, nous souhaitons vous enlever rien que quelques minutes, afin de vivre l'aventure au plus près de ce joli coeur qui bat qu'est l'association et qui oeuvrent chaque jour avec vous, grâce à vous et pour ceux qui en ont besoin.
A Emylou...
Merci Véronique...
Antoine Bonnefille-Roualet / Fondateur